Le vieillissement de la population implique une augmentation constante en soins psychogériatriques, comme les troubles du comportement ou la dépression. Nous avons rencontré Catia Fa et Bruno Da Rocha, responsables de deux unités du Département de l’âge avancé au Centre Neuchâtelois de psychiatrie (CNP).
Comment se déroule la prise en charge d’un patient au CNP?
Catia Fa: Nous travaillons dans les unités hospitalières du département de l’âge avancé, c’est-à-dire que nous prenons en charge des patients âgés de 65 ans ou plus qui traversent un épisode psychiatrique aigu. Selon leurs profils et leurs pathologies, ils sont dirigés en psychiatrie générale ou en psychiatrie spécialisée.
Bruno Da Rocha: J’ajouterais qu’en raison de leur âge nos patient-e-s ont souvent des comorbidités et des pathologies somatiques, comme le diabète, l’hypertension ou des problèmes de mobilité, qui en plus des soins psychiatriques demandent des soins somatiques. Ce sont donc des personnes souvent très dépendantes qui nécessitent une très grande attention de la part de toute l’équipe médico-soignante. En résumé, notre prise en charge est médico-bio-psycho-sociale, car nous travaillons en étroite collaboration avec les proches, pour mieux comprendre les besoins et les ressources à disposition. Notre mission est de veiller à la santé de nos patient-e-s, de prévenir les accidents, mais aussi de préserver d’éviter d’éventuelles maltraitances.
Comment vos deux unités collaborent au quotidien?
Bruno Da Rocha: Notre collaboration s’effectue à tous les niveaux, que cela soit organisationnel ou concernant la prise en charge des patient-e-s. En tant que responsable de l’unité spécialisée, nous traitons plus particulièrement des personnes présentant des troubles neurocognitifs, un terme savant pour désigner des gens qui ont une diminution des capacités cognitives, comme c’est le cas avec la maladie d’Alzheimer.
Catia Fa: Dans mon unité de psychiatrie générale, nous accompagnons surtout des personnes qui souffrent des pathologies psychiatriques fonctionnelles telles que la dépression, les troubles psychotiques ou les addictions. Nous sommes en contact étroit avec l’unité de Bruno Da Rocha concernant la gestion du personnel ou pour des questions logistiques.
Vos patient-e-s guérissent-ils-elles?
Bruno Da Rocha: Les démences ne se guérissent malheureusement pas. Nous intervenons pour atténuer les troubles du comportement et notre but est de permettre aux gens en crise de recouvrer un équilibre et une qualité de vie satisfaisante. Nous devons faire preuve d’une grande empathie, de patience et de tolérance et avoir une réelle envie d’aider.
Catia Fa: Nous ne parlons pas de guérison dans nos unités, mais de rétablissement. Nous intervenons pour diminuer ou éliminer les symptômes. La qualité du réseau socio-sanitaire autour du-de la patient-e est également fondamentale pour assurer la continuité des soins, le-la soutenir et l’accompagner lors de son retour dans son lieu de vie, que ce soit à domicile ou en institution.
L’image de la psychiatrie a-t-elle changé ces dernières années?
Bruno Da Rocha: Il y a encore cette idée que la psychiatrie est réservée aux fous, mais l’image a tout de même évolué ces quinze dernières années. On peut constater une déstigmatisation progressive de la psychiatrie.
Catia Fa: N’importe qui peut traverser un épisode de détresse majeur avec des troubles psychiques et avoir besoin d’un accompagnement psychiatrique. On a beaucoup parlé des maladies psychiques ou mentales ces dernières années. Elles font moins peur, même si des résistances existent toujours. Je crois que notre travail au quotidien auprès des patients et leurs proches contribue à faire changer les mentalités.