Interview de Manuela Maspoli Conconi, médecin responsable du Registre neuchâtelois et jurassien des tumeurs (RNJT).

L'équipe RJNT

Pouvez-vous brièvement nous présenter la mission du Registre?

Le RNJT est une association intercantonale qui a pour but d’enregistrer les nouveaux cas de tumeurs afin d’assurer une surveillance épidémiologique des maladies oncologiques dans la population des deux cantons. L’enjeu est de posséder des données exhaustives et fiables sur la fréquence et la distribution des maladies oncologiques. Ces données sont indispensables pour suivre l’évolution des tumeurs dans le temps, pour évaluer l’efficacité des programmes de dépistage ou pour produire des indicateurs utiles pour la planification sanitaire.

La nouvelle Loi fédérale sur l’enregistrement des maladies oncologique (LEMO) modifie-t-elle votre action?

Il y a effectivement eu un changement législatif au premier janvier 2020. Dorénavant, les médecins qui diagnostiquent un cancer sont tenus de nous en informer dans les 4 semaines. Ce changement demande quelques adaptations du point de vue organisationnel, mais il nous permet d’évoluer dans un cadre juridique clair et il donne également aux patients, qui doivent être informés par le médecin de la transmission de leurs données au registre, la possibilité de se déterminer dans un délai fixé par la loi quant à l’enregistrement de leurs données.

Que peut-on dire du cancer en Suisse?

En Suisse, les cancers touchent près de 40’000 personnes chaque année, dont environ 1’400 pour les cantons de Neuchâtel et du Jura. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité dans notre pays après les maladies cardiovasculaires. Les cancers de l’intestin, du sein, de la prostate et du poumon représentent plus de la moitié des nouveaux cas de cancers. La tendance à l’augmentation de ces maladies est principalement dû au vieillissement de la population. Le travail que nous faisons permet justement de suivre cette évolution pour adapter in fine les actions de prévention menées par la santé publique.

Que deviennent vos données?

Nous les transmettons de manière strictement anonyme à l’organe national d’enregistrement du cancer (ONEC), qui est chargé de les réunir et de préparer des études sur le cancer en Suisse. Nous collectons des informations comme la localisation, le type et le stade de la maladie, le genre de traitement ou l’apparition d’éventuelles récidives. Nous avons donc une vue complète de l’évolution de la maladie.

Avec les données anonymisées, le RNJT participe également à des analyses épidémiologiques nationales et internationales.

Le Registre est donc un instrument de santé publique?

Effectivement, des statistiques exhaustives et de bonne qualité permettent une meilleure compréhension des maladies tumorales et la mise en place des programmes de prévention ciblés.