Nos diplômés-ées finissent leurs études avec un excellent niveau.

Interview de Monsieur Olivier Schirlin, professeur et responsable de filière à la Haute Ecole Arc santé.

Quelle est la situation de la formation en soins infirmiers en Suisse?

La formation en soins infirmiers a considérablement évolué et pour la Haute Ecole Arc, c’est en octobre 2004 que la formation HES a débuté. Dans le paysage européen, la Suisse est clairement dans le peloton de tête et nos diplômés-ées finissent leurs études avec un excellent niveau, tant théorique que pratique. Mais dans notre domaine de formation, les pays d’Amérique du Nord restent toutefois encore la référence.

Pourquoi les pays de l’Amérique du Nord?

Les États-Unis et le Canada possèdent une longueur d’avance, par le fait d’avoir inventé et mis en place des modèles en Sciences Infirmières de manière princeps, mais aussi dans le cadre de l’organisation de leurs cursus d’études. Cela tient surtout à leur volonté d’allier études universitaires en soins et pratique en milieu hospitalier. Cette formation duale garantit un haut niveau d’expertise. Toutefois, en Europe, il y a également de très bons modèles de formations, y compris le nôtre.

Le profil de l’étudiant-e en Soins infirmiers a-t-il évolué ces dernières années?

Le métier se masculinise et c’est réjouissant. Pour vous donner quelques chiffres, nous avons entre 15 à 20% d’étudiants présents dans nos volées. Notre problématique actuelle est que nous avons de la peine à garder les personnes formées dans la carrière professionnelle d’infirmier-ière. En effet, il est estimé que près de 46% des diplômés abandonneront leur métier avant la retraite, et principalement dans les 15 premières années d’exercice. C’est un chiffre trop élevé et nous devons réfléchir à la meilleure manière de sécuriser ce parcours en proposant, par exemple, des passerelles pour permettre de revenir à ce métier après une interruption de carrière. Cela me semble d’autant plus nécessaire que la pénurie de personnel en soins infirmiers est une problématique très présente.

Quelles qualités sont nécessaires pour entreprendre ces études?

Il s’agit d’une formation universitaire menant à un titre de Bachelor. Il est donc nécessaire d’adopter une posture d’apprenant. Les étudiants-es entreprennent de nombreuses recherches personnelles, lisent aussi des articles scientifiques en anglais et suivent des cours en statistiques, par exemple. C’est une formation exigeante et complète. Par ailleurs, dans le cadre du processus de professionnalisation, les étudiants-es vont devoir développer un répertoire de rôles professionnels important, pour bien communiquer et exercer un leadership clinique.

Est-ce que la pandémie a changé le regard sur la formation?

C’est encore trop tôt pour voir une tendance se dégager. Je constate toutefois que lors de la première vague il y a eu une forte valorisation et reconnaissance envers le monde des soins. Aujourd’hui, je perçois plutôt un discours ambiant méfiant envers la science et la presse évoque fréquemment la surcharge de travail du personnel médical. Est-ce que cela découragera les jeunes ? Je ne le sais pas encore. En revanche, quand nos étudiants-es ont été appelés à venir renforcer les équipes déjà engagées sur le terrain, ils-elles ont répondu présents-es!

Quels sont les enjeux pour demain ?

Avec le vieillissement de la population et un système de soins qui évolue vers une prise en soins des patients davantage en ambulatoire ou à domicile, de nouveaux besoins seront nécessaires. L’avènement de la cybersanté ou de la e-health sont également déjà en train de modifier notre formation. Mais nos étudiant-e-s sont sensibilisé-e-s à ces évolutions et ils-elles  savent qu’ils-elles apprendront leur vie durant. Je pense que notre rôle est de les aider à acquérir des outils pour qu’ils-elles aient la capacité à évoluer avec leur métier durant leur parcours professionnel. Par ailleurs, en tant que formation Bachelor, nous constituons un premier niveau universitaire qui leur permettra de poursuivre ensuite leurs cursus vers un Master ou un Doctorat et ainsi de mettre en place une clinique spécialisée, une pratique avancée, ou même d’inventer les modèles de soins infirmiers de demain.