«Dans notre société, les maladies mentales inquiètent et rendent mal à l’aise les gens»

Fabienne Wood

Rencontre avec Fabienne Wood, directrice de La Jaluse, un foyer qui accueille des personnes ayant des troubles psychologiques.

Qui sont les résidents de La Jaluse?

Notre établissement reçoit des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou d’inadaptation sociale entre 18 et 65 ans. Notre but est relativement simple. Nous voulons créer un foyer, un chez soi, dans lequel nos résidents se sentent parfaitement à l’aise tout en leur offrant un encadrement professionnel adéquat pour qu’ils retrouvent leur autonomie.

Le passage dans votre foyer est donc toujours temporaire?

Le but est qu’ils nous quittent. Nous disons souvent que notre foyer est une parenthèse, même si elle peut durer plusieurs années. Mais rien ne nous fait plus plaisir quand nous voyons une personne qui réalise son nouveau projet de vie loin de chez nous.

Comment se déroule une journée à La Jaluse?

Ce foyer est l’habitation de nos résidents. Nous travaillons chez eux, pour ainsi dire. Après le réveil, chacun accomplit ses tâches pour lesquelles il reçoit une petite rémunération. Au programme entretien de la maison, lessive, préparation des repas communs ou confection de pâtisseries. Nous ne voulons pas seulement les occuper, mais les remettre dans un élan de vie, leur donner les outils pour qu’ils se réinsèrent socialement et qu’ils y prennent du plaisir.

Comment les malades psychiatriques sont perçus dans notre société?

La perception a malheureusement peu évolué. La population les craint car ils peuvent avoir des changements de comportement ou s’avérer imprévisibles. Du coup, il est compliqué pour eux de garder un travail et d’avoir une vraie place dans notre société.  Je regrette que l’on ne les mélange pas avec la population, d’autant plus qu’ils ne représentent pas un danger. Mais tout ce qui a trait aux maladies mentales inquiète et rend souvent mal à l’aise les gens.

Qu’entreprenez-vous pour changer cette perception des maladies psychiatriques ?

Nous n’avons pas les moyens de changer le regard de la société. Nous nous concentrons sur leur entourage direct, pour qu’il prenne conscience de la maladie de leur proche et qu’il l’accepte. Pour nos résidents, être compris et comprendre leur maladie, c’est déjà un grand pas vers la réinsertion et l’amélioration de leur situation.