«Dans ma culture, nous côtoyons au quotidien les morts. Pour nous, haïtiens, ils font partie du monde des vivants. C’est difficile à comprendre pour un Suisse, je le sais», Jérôme Hervé, intendant en pédiatrie RHNe.
L’hôpital semble être une seconde maison pour vous?
Je travaille dans les hôpitaux neuchâtelois depuis 19 ans. C’est donc un monde que je connais parfaitement bien. C’est une grande partie de ma vie. J’ai d’abord travaillé à la morgue avant d’accepter un nouveau défi à l’intendance du département de pédiatrie. Mais ces jours, je fais partie de l’équipe Covid-19.
N’était-ce pas difficile, psychologiquement, de travailler à la morgue?
Dans ma culture, nous côtoyons au quotidien les morts. Pour nous, haïtiens, ils font partie du monde des vivants. C’est difficile à comprendre pour un Suisse, je le sais. Je crois que cet héritage me permet de ne pas être effrayé par la mort ou la maladie. Je vis très bien cette proximité.
Quelles sont les principales missions de l’intendance en pédiatrie?
Nous nettoyons et désinfectons selon des protocoles très précis. L’hygiène et la prévention des infections sont fondamentales pour que les maladies ne se propagent pas dans un hôpital. Ce travail demande une grande minutie et je n’ai pas besoin de vous rappeler l’importance de la stérilisation en milieu hospitalier en pleine crise du Covid-19. Nous sommes, d’une certaine manière, toujours en première ligne. Quand on me demande mon métier, je réponds volontiers que je protège les enfants.
Travailler dans un hôpital, est-ce une vocation?
Quand on évolue dans un hôpital, on doit accompagner les gens, les familles. Vous devez avoir cela en vous. Un sourire, une parole ou un geste qui donne du réconfort ou apaise. Les familles sont souvent très inquiètes quand leurs enfants sont hospitalisés. C’est normal. Je fais partie d’une chaîne de soins et mon travail permet de soigner les enfants. J’en suis très fier.
L’actualité, c’est le Covid-19. Comment cela se passe à l’hôpital?
Nous nous préparons depuis quelques semaines pour accomplir notre travail et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas beaucoup de temps à disposition. Je dois retourner au travail. Notre métier, c’est de protéger notre communauté. Nous sommes prêts et c’est ce que nous ferons chaque jour.