«Nous devons prioritairement maintenir l’efficacité de nos prestations», Christian Decurnex, directeur logistique RHNe.

Quelle est votre formation?

Je suis un ingénieur-physicien. Une personne plutôt cartésienne et analytique, comme vous pouvez l’imaginer. J’ai d’abord travaillé dans les services industriels, puis ma carrière m’a conduit dans le monde hospitalier qui m’a plu par sa diversité des métiers et des compétences. Un hôpital, c’est un univers en tant que tel.

Quelles sont les missions d’un directeur logistique?

Anticiper, prévoir, coordonner et réagir. Le quotidien est un mélange d’événements planifiables et d’imprévus auxquels nous devons donner une réponse immédiate. La logistique d’un hôpital recouvre un vaste ensemble de tâches comme l’intendance, le nettoyage, la désinfection, la cuisine, la technique du bâtiment, l’architecture ou les achats, sans oublier tout ce qui touche à la sécurité.

Est-il nécessaire de posséder des compétences médicales?

La logistique ne requiert pas de compétences médicales, mais plutôt la connaissance des exigences techniques et organisationnelles qui y sont liées. Notre valeur ajoutée réside dans notre capacité à collaborer avec le corps médical et les soignants, pour optimiser les processus logistiques. Cela dit, avec le temps, nous acquérons évidemment une certaine compréhension des exigences et des enjeux technologiques métier. Jusqu’à récemment, il n’existait pas de formation spécifique en Suisse pour l’ingénierie en milieu hospitalier. Mais l’EPFL a récemment initié une formation en sciences du vivant qui vient combler ce manque.

La gestion de la logistique des hôpitaux a-t-elle évolué?

Notre travail est d’assurer les prestations fournies au quotidien dans notre hôpital. Nous ne sommes pas un centre R&D. Je le précise, pour que l’on comprenne bien, que nous devons prioritairement maintenir l’efficacité de nos prestations, car les médecins et les patients dépendent de nous. Nous ne pouvons pas prendre de risques inutiles. Par rapport à d’autres domaines d’activité, nous sommes probablement plus prudents.

Mais vous visez l’optimisation continue?

Oui, et c’est l’un des intérêts de notre métier. Faire mieux avec les mêmes moyens, ou la même chose avec moins de moyens. Ce sont, en résumé, les deux axes de notre action pour garantir la qualité de notre travail et une économicité. Nous lançons aussi des projets d’innovation pour faire différemment avec une nouvelle technologie. Prenons un exemple concret. Avant, nous achetions des produits détergents et des produits désinfectants. En très grande quantité au vu de nos besoins. Nous avons donc décidé d’acheter une machine qui produit les deux directement via un procédé de catalyse d’eau et de sel. C’est plus économique. Le stockage est rationnalisé et les transports réduits. C’est simple, concret, et il n’y a que des avantages.

Qui vous propose des améliorations?

L’une des sources de proposition doit être interne. L’ensemble du personnel, qui évolue quotidiennement dans nos murs, est le plus à même à proposer des optimisations. Nous devons aussi échanger avec nos paires dans les autres hôpitaux. Je prône la collaboration et la création de synergies avec l’extérieur. Les institutions partagent d’ailleurs volontiers leurs best practices. Nous faisons un métier qui a du sens. Tout ce que nous pouvons entreprendre pour le bien-être des patients doit être accompli !