Un EMS, C’est bien plus que des prestations médicales.

Claudine Mangeat

«J’assume de multiples rôles et c’est toute la saveur de mon travail» nous confie Claudine Mangeat, directrice de l’EMS La Sombaille de la Chaux-de-Fonds.

Quel est le travail d’une directrice d’un EMS comme celui de La Sombaille?

J’assume de multiples rôles et c’est toute la saveur de mon travail. De l’établissement du budget à la gestion des ressources humaines, en passant par la mise sur pied d’un projet architectural d’agrandissement de notre infrastructure ou des séances de planifications, mes journées sont bien remplies. Et c’est tant mieux, car j’apprécie mon travail.  Mais rassurez-vous, je ne perds pas de vue l’essence de mon métier, à savoir la rencontre avec les résidents, leur famille et le personnel. Accueillir, être à l’écoute, et créer une atmosphère bienveillante fait partie de nos valeurs.

Comment se déroule l’entrée dans un EMS?

C’est souvent vécu comme un deuil. Il y a de l’angoisse, de la colère parfois, et nous nous devons de l’entendre et d’y répondre. Vous savez, les entrées dans un établissement médico-social se font souvent de manière précipitée. Une place se libère et vous devez déménager avec votre valise en quelques jours. Vous laissez derrière vous une partie de votre vie. C’est un vrai déchirement et nous mettons tout en œuvre pour accompagner les résident.e.s dans cette transition. Notre rôle n’est pas seulement de leur fournir des prestations médicales, mais aussi de les entourer et leur offrir un cadre de vie agréable. J’ajouterais que notre mission ne se limite d’ailleurs pas aux résident.e.s. L’ensemble de leur famille doit être prise en considération, car l’entrée en EMS peut parfois être vécue comme un échec. Je le répète souvent, nous sommes des passeurs d’émotions et les personnes doivent pouvoir s’exprimer dans la confidentialité pour être apaisées. C’est une part importante de notre métier.

Qu’est-ce qui est le plus compliqué quand on dirige un EMS?

Il est important de bien s’organiser pour assumer de front les tâches stratégiques et opérationnelles. Rester au courant de l’évolution du cadre légal, tant au niveau fédéral que cantonal, lancer des projets pour se projeter dans l’avenir et rester à disposition du personnel. Un établissement comme La Sombaille est un véritable petit univers. Infirmières, aides-soignantes, psychologues, physiothérapeutes, gestionnaires en intendance, assistants socio-éducatifs et personnel administratif, pour ne citer qu’eux, s’y croisent chaque jour. Et tout le monde fait partie de la même chaîne de soins. Le confort et le bien-être de nos résidents dépend de la capacité de tout le personnel à être professionnel, disponible et bienveillant. Encore une fois, ce sont nos valeurs. Si vous changez une ampoule dans la chambre d’un résident, vous apportez du confort et du bien-être. Il ne faut pas considérer uniquement l’aspect médical et gériatrique, mais aussi l’aspect l’humain qui est au centre de nos préoccupations.

Quels sont les enjeux pour les EMS ces prochaines années?

Ils sont nombreux. Premièrement, budgétaire. Il s’agit d’avoir des institutions bien gérées et viables. Ensuite, au vu du vieillissement de la population, nous devrons augmenter notre capacité d’accueil dans un futur proche et l’adapter à de nouveaux impératifs. Créer des espaces de vie plus accueillants, plus spacieux et, en parallèle, passer d’une dynamique soignant – soigné à un véritable partenariat de soins. C’est un changement de paradigme dans notre monde. La population qui arrivera ces prochaines années dans nos murs, sera plus autonome dans les prises de décision. La vie sera différente et nous nous y préparons déjà.