En 14 ans d’activité syndicale, je me suis rarement trouvée au tribunal du prud’homme et c’est tant mieux.

Comment devient-on syndicaliste ? Comment défendre les membres d’un syndicat ? Questions à Yasmina Produit, secrétaire régionale du syndicat SSP en charge des sections santé et sociale dans le canton de Neuchâtel.

Comment devient-on secrétaire générale d’un syndicat ?

Par les circonstances de la vie. J’ai un parcours très éclectique. J’ai notamment évolué dans le domaine du bâtiment, de l’hôtellerie et me suis occupée des enfants sur les pistes de ski en hiver puis au bord des piscines l’été, avant de découvrir le monde des EMS. D’abord en tant qu’aide de ménage, puis après une formation, comme aide-soignante. Là, j’étais active dans une commission du personnel et il y a 14 ans le syndicat SSP m’a engagée. Vous voyez, mon parcours n’est pas linéaire.

Votre syndicat est signataire de plusieurs CCT dans le canton de Neuchâtel. Les enjeux sont-ils identiques ?

Notre mission est toujours la même : améliorer les conditions de travail du personnel. Mais les calendriers et les marges de manœuvre varient. Je qualifierais le partenariat dans le cadre de la CCT santé 21 de bon. Le climat est respectueux. Malheureusement, aujourd’hui, dans tous les secteurs publics c’est l’heure aux plans d’économies. Et vous le savez bien, les réductions budgétaires ne sont jamais un bon signe pour le personnel.

Que faites-vous pour défendre vos membres ?

Nous les conseillons individuellement et répondons à leurs questions concernant des points du règlement. Et quand la situation avec l’employeur se dégrade nous pouvons intervenir.

De quelle manière ?

Nous suivons toujours la même procédure. Nous récoltons un maximum d’informations et de données pour établir les faits de manière objective et si nous constatons un problème, nous rencontrons l’employeur pour lui faire part de notre requête. Et là, parfois il découvre le problème et nous en remercie. Et parfois cela bloque…. du moins dans un premier temps.

Et que faites-vous dans ce cas ?

Ma réponse vous surprendra : Cela se déroule généralement bien. Mon rôle est de rendre l’employeur attentif aux lois ou aux règlements qui sont enfreints. Donc après deux ou trois réunions, nous trouvons des solutions. Les employeurs comprennent vite que je ne suis pas une syndicaliste qui a mission d’alerter l’opinion public, mais que je suis assise en face d’eux pour résoudre une problématique. En 14 ans d’activité syndicale, je me suis rarement trouvée au tribunal du prud’homme et c’est tant mieux.

Vous êtes quel type de syndicaliste ?

Je me considère comme très négociatrice. Pour certains, je suis très dogmatique. Donc la vérité se situe entre les deux (rire). Encore une fois, mon travail n’est pas de menacer de grève, mais de privilégier le partenariat social et le dialogue constructif.

Quel regard portez-vous sur le réseau sanitaire neuchâtelois ?

 Je ne vais pas vous le cacher, je suis inquiète. Le canton de Neuchâtel a raté des trains. Nous ne pouvons pas construire notre réseau sanitaire seul dans notre coin. Pendant que nous débattons de faux problèmes entre le haut et le bas, de véritables réformes ne sont pas entreprises. C’est inquiétant. Mais en tant que syndicaliste, je ne me prononce pas sur telle ou telle option politique. Je me bats pour que les conditions de travail du personnel ne se péjorent pas.