Il est peut-être temps de remettre les patients au centre du système de santé.

Frédéric Fischer

Frédéric Fischer est un fin connaisseur du monde de la santé. Représentant du syndicat Syna au sein de la Commission faîtière (COMFAIT) de la CCT Santé 21 qu’il préside par ailleurs jusqu’à la fin de cette année, il travaille également en tant que spécialiste en gestion des données au RHNe. A quelques mois de remettre sa présidence, nous l’avons rencontré pour faire un petit tour d’horizon.

En quoi consiste la mission de président de la COMFAIT?

La COMFAIT, qui comprend paritairement des représentants des employés et des employeurs, est l’organe stratégique et décisionnel de la CCT Santé 21, compétent pour modifier la convention, ses règlements et autres annexes. En tant que président je suis garant de la bonne conduite des débats et m’assure que toutes les personnes ou parties puissent s’exprimer librement. En cas d’égalité des votes, lors d’un vote à la majorité simple, la voix du président peut être sollicitée pour trancher. Néanmoins, tout changement de règlementation est soumis à l’unanimité des votes.

En quoi consiste le travail d’un spécialiste en gestion des données?

Depuis 2020, je conduis un projet d’évolution du dossier patient, en collaboration avec le CIGES. Les enjeux? Ils sont multiples. Notre défi est de disposer de dossiers patients structurés dont les informations sont faciles d’accès, en cas d’urgence vitale, mais aussi dans les activités courantes des professionnel-le-s de la santé. A terme, le but est d’avoir toutes les informations disponibles «au bon moment au bon endroit» pour faciliter la prise en charge et être plus efficace dans les interventions.

Vous évoluez dans le monde de la santé depuis de nombreuses années. Qu’est-ce qui a le plus changé?

Le monde de la santé s’est transformé en système économique et cela a engendré de nombreuses frustrations, chez les employés notamment. Vous avez d’une part des femmes et des hommes qui choisissent l’idéal d’un métier de soins et d’autre part un système complexe avec des lois, des règlements et des normes de qualité. Il y a un choc entre ces deux réalités.

Ce choc concerne aussi les employeurs?

Je suis également sensible à leurs préoccupations et je me rends bien compte qu’ils sont aussi soumis à des règles de financement et de fonctionnement très strictes. Notre système de santé suisse est un mélange public-privé très réglementé et tous les prestataires obéissent à un cadre légal qui ne leur laisse presque aucune marge de manœuvre. Il est peut-être temps de remettre les patients et surtout l’Humain au centre de nos réflexions et, par conséquent, du système de santé.

En tant que représentant de Syna, quelles sont vos principales préoccupations?

Nous sommes actuellement confrontés à une grave pénurie de personnel, en particulier dans le domaine des soins infirmiers. Nous devons redoubler d’efforts pour attirer les jeunes dans les métiers de la santé et surtout leur donner l’envie d’y faire carrière. Il y a aujourd’hui beaucoup trop de départs après quelques années seulement. Le personnel est épuisé et usé.

L’ensemble des conditions de travail doivent être améliorées. Malgré les contraintes économiques, les salaires de nombreuses fonctions sont à revaloriser. Nous nous battons aussi pour aménager les fins de carrière, en particulier en tentant de mettre en œuvre une rente-pont AVS. Cela passe par une reconnaissance de la pénibilité du travail des fonctions infirmières ou techniciennes en radiologie par exemple, et la mise en place de retraites anticipées largement méritées.