Malgré un contexte sanitaire marqué par la pandémie et une pression accrue sur les finances des institutions de santé, les partenaires sociaux ont trouvé un accord pour renouveler la CCT Santé 21 à partir du 1er janvier 2022. Rencontre avec Monsieur Laurent Kurth, Conseiller d’État en charge du Département des finances et de la santé, qui a offert ses bons offices lors des derniers mois de négociation.
Pourquoi avoir réuni les partenaires sociaux cet automne?
Il faut d’abord préciser qu’entreprendre des négociations en pleine pandémie n’est pas aisé. Aujourd’hui, les employeurs sont soumis à de fortes contraintes budgétaires et ils demandent plus de flexibilité pour l’organisation du travail. Les représentants des employés ont de leur côté des revendications légitimes concernant les salaires et les conditions de travail. Quand mes services ont appris que les discussions étaient bloquées, nous avons décidé de réunir les partenaires sociaux pour offrir un nouveau cadre aux discussions et travailler certains points litigieux de manière aussi factuelle que possible. Dans ces pourparlers, l’État est neutre et peut donc pleinement jouer son rôle de médiateur.
En quoi le renouvellement de la CCT Santé 21 est important pour l’État?
Le monde des soins a subi de grandes transformations ces dix dernières années, principalement liées au changement de la méthode de financement. Jusqu’en 2012, l’État retenait dans une planification concertée les institutions qu’il soutenait. Depuis 2012, les acteurs du réseau de santé sont en concurrence pour obtenir des mandats de l’État, qui ne finance que des prestations. Les employés courent donc le risque que la compétition se fasse au détriment de leurs conditions de travail. Dans ces circonstances, la CCT joue pleinement son rôle de protection sociale.
Et quels risquent courent les employeurs?
Dans un contexte de pénurie, les rémunérations peuvent aussi s’envoler dans certains secteurs particulièrement affectés par le manque de personnel et drastiquement baisser dans d’autres domaines. Cela peut créer de fortes inégalités au sein d’une même institution pour des raisons qui ne sont pas liées à la formation, aux responsabilités ou aux compétences. En signant la CCT, les employeurs se sont protégés de ce type de tensions et positionnés en faveur d’un système de rémunération juste et pérenne.
Pour vous, signer une CCT en pleine pandémie est un tour de force?
C’est en tous cas la marque de la reconnaissance voulue pour l’engagement du personnel et d’un fort attachement à des conditions de travail attractives et stables. Les employeurs font actuellement face à de lourdes contraintes budgétaires et une solution pour eux aurait été de s’attaquer aux salaires. Ils ne l’ont pas fait et j’interprète cet acte comme la marque d’une volonté de partenariat solide.
L’actuelle CCT couvre tout le personnel, soignant ou non. Est-ce normal?
Je préfère poser la question autrement : est-ce que le jardinier qui interagit avec tous les résidents de son institution fait partie de la chaîne de soins? Je suis absolument convaincu que c’est le cas et le peuple s’est aussi exprimé dans ce sens lors de la votation de 2017.
Que souhaitez-vous pour le canton de Neuchâtel en 2022?
Depuis près de deux ans, toute la population est soumise à une rude épreuve et j’espère que nous continuerons de rester unis. De la crise, je retiens néanmoins de positif toutes les belles énergies qui ont aussi été libérées et les mouvements de solidarité qui se sont exprimés. Je souhaite que nous conservions ces mêmes élans en 2022.