Nous passons parfois pour des ovnis.

Juliane Neuhaus

Rencontre avec Juliane Neuhaus, ergothérapeute à l’hôpital Pourtalès Rhne.

Pourquoi avez-vous choisi le métier d’ergothérapeute?

Après mes études, je me suis d’abord inscrite en architecture à l’EPFL, mais j’ai vite déchanté car ce n’était pas mon univers.  Trop compétitif et trop conceptuel à mon goût. Je me suis donc redirigée vers un métier plus en adéquation avec mes aspirations sociales. Je désirais entreprendre une formation où l’humain est au centre. J’ai eu l’opportunité de suivre un stage d’observation à – anciennement – l’Hôpital neuchâtelois en ergothérapie et cela m’a convaincu. J’ai alors décidé de m’inscrire à la Haute-Ecole Arc section Santé et j’ai poursuivi à Lausanne (unique école d’ergothérapie en Suisse romande), où j’ai obtenu un bachelor en 2016. J’ai ensuite débuté mon parcours professionnel au sein du réseau hospitalier où j’avais pu découvrir ce métier passionnant. Il faut croire que je m’y plais car j’y suis encore!

L’ergothérapie est-elle proposée sur tous les sites de Rhne?

Oui, nous proposons une prise en charge sur le 6 sites du canton, que cela soit en ambulatoire ou en hospitalier. Chaque site possède ses spécialisations, de la gériatrie à la neurologie en passant par la rééducation de la main et la pédiatrie. Certains sites proposent même des prestations en soins palliatifs et des suivis à domicile. C’est en vous parlant que je réalise à quel point nos services d’ergothérapie se sont développés et diversifiés ces dernières années!

Comment se déroule une prise en charge hospitalière?

La spécificité de l’ergothérapie hospitalière est que nous intervenons la plupart du temps sur une courte période auprès d’un patient, dans le but idéal qu’il ait retrouvé sa pleine autonomie à sa sortie. Nous devons donc rapidement comprendre son contexte de vie. Est-ce qu’il vit seul? Dans un appartement au dernier étage ou dans une maison? Est-ce qu’il travaille? Quelles difficultés rencontre-t-il dans la réalisation de ses activités du quotidien? Toutes ces informations nous permettent de mettre en place des exercices ou des astuces afin qu’il puisse retrouver une autonomie dans les plus brefs délais. Avec nos observations dans les activités de la vie quotidienne, nous participons à la détermination du projet de sortie le plus en adéquation possible avec la situation globale du patient.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier?

L’acquisition de connaissances théoriques est indispensable pour accompagner le patient atteint dans son autonomie cognitive ou physique. Mais j’apprécie particulièrement le côté créatif et astucieux de mon travail. J’essaie de me représenter le quotidien habituel de la personne et lui proposer des outils qui puissent concrètement l’aider pour recouvrer son indépendance, dans les activités qui ont du sens pour elle. Nous sommes des facilitateurs, nous apportons des solutions d’amélioration, stratégiques ou matérielles. D’ailleurs, nous passons parfois pour des ovnis avec un tournevis dans une poche, un ruban métrique dans l’autre et un coussin sur-mesure sous le bras.

J’apprécie aussi particulièrement la collaboration avec les autres professionnels et les familles.  Prendre le temps d’avoir une vision globale du patient est important, même si dans le cadre hospitalier notre intervention est souvent éphémère.

N’est-ce pas frustrant de ne pas accompagner sur le long terme?

Oui et non. Quand vous travaillez dans le milieu hospitalier, vous rencontrez des gens, vous établissez un lien de confiance et essayez de leur apporter des soins et puis vous disparaissez. Et c’est tant mieux, car cela signifie, le plus souvent, que les patients vont mieux ou qu’ils sont guéris. Mais parfois, il est frustrant de voir partir en réadaptation, du jour au lendemain, des patients avec qui des objectifs motivants ont été posés et des liens forts ont été tissés, ou encore voir l’état de santé de notre patient se dégrader. Nous devons donc nous montrer flexibles et nous adapter rapidement aux différents contextes que nous rencontrons dans les unités de soins. Je dirais que c’est trépidant et que c’est toute la beauté de mon métier en soins aigus.